
Blutch, la beauté, 2008
Par José Narvaez
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Je crois qu’hier j’ai atteint
le dernier échelon du masochisme,
quand je me masturbais
et pensais à toi avec d’autres hommes.
Je pensais à cette pratique abjecte
aussi la mienne
de collectionner la chair
comme en cherchant son corps dans celui des autres;
–
C’est comme ça que je t’ai connue
toi et ta propre incubation
habituée à ton démon
tu criais à la rédemption d’un nid
on s’est adhéré
avec une intimité vorace
et, cependant, avec cette intention
adolescente;
timide;
on a contredit une source infatigable du désir
hérétiques
on s’est interdits
à notre propre coutume
de nous écorcher dans les nuits
mutants
vacillant pour toujours entre
notre décadence et notre lumière;
on s’est fait face avec une certaine méfiance,
maladroits
de faire de nouveau de l’amour un rêve plus concret.
–
C’est comme ça que je suis entré en moi-même
en passant la porte
en libérant une chose couverte
et t’arrivais, tu m’affrontais
accusant ma tentative de t’aimer
mais;
t’es arrivée avec tellement d’évidence
polissant les écorces
ta proximité fut un miracle
tacite
instantané
tu haletais dans ta forêt,
tu berçais toutes les feuilles,
on te poursuivait,
ils te chassaient tous les possibles et dans cette fugue
t’es tombée sur moi ; moi,
je cherchais un soleil jeune et
l’humidité d’après la pluie,
j’émergeais dans un bosquet
et c’est comme ça que je suis tombé
_____________________________sur ta fugue
tu cherchais ton corps
tu voulais te défaire de ceux-là qui te poursuivaient
comme englués a ton sentiment.
–
Et c’est comme ça que j’ai fait confiance
à tes doutes
ma tête déjà
cherchait des racines interdites dans ta poitrine
m’exposait à mon exil sans fin
me déterrait de la possibilité de toi.
–
Maintenant,
je ne sais plus quoi penser,
immergé dans ce paradoxe
de te laisser venir vers moi
en attendant que
tu vives ou que tu meures
de toi même
et pendant que je pensais
à comment on finit par faire partie d’un groupe;
à ce qui se sculpte lentement:
–
t’es apparue en collectionnant le monde.
Aimer encore, c’était une blague que je me racontais
et c’est que ça n’a même plus d’importance
d’aller par là fermant des portes
les réinterdisant
les désinstituant
pour toujours
je me demande
comment c’est, ça ,
que tu ne peux pas voir ce qui brille pour toi
et qui s’offre en proposant;
comment c’est ça que ce que je propose c’est pas assez,
lentement tu me destitues
regarde cette épée:
elle me traverse pour toujours;
mais il faut ramasser alors
ces miettes, alors,
ramasse toi du sol, pendant que je reste là à te voir
si lointaine, et m’enseignant
comment se désagrège quelqu’un, qui ne veut pas qu’on s’approche
pour le réconcilier avec lui même.
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Et une petite recommendation musicale: Ratatat